26 février 2007

Le Prince Noir


Le Prince Noir de Tréglamus.


Il est né le 16 Octobre 1911. Trois ans plus tard son père partait pour la guerre. Seule avec un enfant sa mère a travaillé, dans un lavoir, à Suresnes. Elle a confié son petit garçon à la famille à Tréglamus, en Bretagne. Belle mais fragile, elle a été victime d’une terrible maladie, qui faisait des ravages et que nous avons presque oubliée, la phtisie foudroyante ou galopante. Contre la tuberculose il n’y avait encore ni vaccin, ni antibiotique. Elle est morte en 1917, âgée de trente et un ans.

Il a été adopté par le village et élevé par une tante. En fait c’est là qu’il a vécu son enfance, de trois à douze ans, avant de partir, certificat d’études en poche, travailler à Paris et rejoindre son père qui ne voulait pas de lui.

J’ai du mal à me représenter la vie dans un hameau à cette époque et à cet endroit. Personne ne parle le français à la maison, on cuisine au feu de bois, on tire l’eau au puits avec un seau, on s’éclaire parcimonieusement à la chandelle ou à la lampe à pétrole, et je ne parle pas des travaux des champs avec uniquement la traction animale. Pour se déplacer : on marche, en toute saison.

Le hameau est à cinq kilomètres du bourg par la petite route en terre, empierrée par endroits, mais à trois seulement en coupant à travers champs et par les chemins creux, en sautant les talus et les ruisseaux. Pour un jeune garçon un peu rêveur c’est l’aventure. Une culotte courte à bretelles, une pèlerine, un béret, des sabots, et ça galope. Il y a des nids de ramier en haut des arbres et des œufs à gober, selon la saison, des noisettes, des nêfles, des poires à cochon ou des gratte-cul à cueillir, des tiges de sureau pour faire des pipeaux, des rainettes et des crapauds, des orvets, fragiles comme du verre, qu'on attrape avec délicatesse pour les fourrer dans sa poche ou dans sa chemise, des merles volubiles avec qui bavarder en sifflant, des arbres tordus aux ombres bizarres, troublantes dans une région nourrie de mystères et de légendes, peuplée de fées, de lutins et de korrigans...





Quand il pleut, c’est crotté que l’aventurier arrive essouflé à l’école des garçons du bourg. Bien souvent déjà la cloche sonne. Le maître, hussard de la république et missionaire civil, personnage imposant investi de toute l’autorité de l’état français, est aussi un brave homme, et ses foudres s’abattent avec bonhommie sur l’orphelin retardataire. « A force d’arriver à la dernière seconde tu finiras par être vraiment en retard. Et tu as vu dans quel état tu es ? Allez le Prince Noir, rejoins les rangs et plus vite que ça ! »

A l’école, ainsi baptisé, on n’a plus qu’à se conformer à sa légende et à se maintenir à la hauteur de son personnage. Dès lors il devient donc, pour lui et pour tous, vraiment, le Prince Noir, Prinn’z Du ou Chevalier Noir, Marheg Du. D’enfant sans parent le chemin n’est pas long jusqu’à chevalier sans suzerain, indépendant et ombrageux. Et c’est le Prince Noir qui chaque matin et chaque soir, sur son fidèle destrier imaginaire, main en avant et claquements de langue, parcourt ses domaines, traverse ses pâtures, franchit à gué ses rus et ses ruisseaux, et, armé de sa lance de coudrier et de sa fronde, une vraie, pas un lance-pierre, défie les géants chevelus des bords de talus, secourt princesses et lutins, pourfend esprits maléfiques et ombres malignes, mais chipe aussi les pommes du père Cossin.

Il n’a jamais oublié ce temps, chéri malgré les circonstances, et au soir de sa vie il s’y est réfugié. Je ne l’ai jamais entendu se plaindre. Seulement une fois, près de la fin, au cours d’un instant de lucidité ou il m’avait reconnu il m’a murmuré : « Pourquoi, moi, je n’ai pas eu de Maman ? ». Il nous a quittés le 26 Février 2005.

Je suis un des fils du Prince Noir.


Ses parents, mes grands-parents, le jour de leur mariage.
Ils ont vécu une grande histoire d'amour.


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29 octobre 2006

29 Septembre 1969.

Ce post comporte une suite : 01.10.1969 l'Embuscade. Chronologiquement elle se situe après celui-ci, mais dans la logique géométrique du blog elle figurait avant, j'ai donc changé l'ordre pour éviter le désordre. Mon explication n'est pas très claire mais je pense qu'il vaut mieux les lire à la suite l'une de l'autre, ou l'un de l'autre.

29/09/69.

En fait ça a commencé la veille, un Dimanche soir. Nous avions passé la journée chez le frère de Danielle, à Breuillet, entre Arpajon et Saint-Chéron, et nous reconduisions sa maman à Draveil.
Nous étions immobilisés dans un embouteillage, assez habituel à l'époque, le dimanche soir à Ris-Orangis, à l’intersection avec la Nationale 7, quand Danielle a poussé un petit cri de surprise : « Ah ! », avant d’ajouter après un instant de concentration attentive : « cette fois-ci je crois que ça y est, je pense que c’était une contraction ».


Et elle a commencé à chronométrer. Une dizaine de minutes plus tard, nous n’avions pas fait cent mètres, la chose s’est produite à nouveau. Elle était très calme, rassurante : « dix, douze minutes, c’est bon, nous avons encore le temps, mais il vaudrait quand même mieux ne pas traîner ».

L’heureux évènement était attendu aux alentours du 16 octobre, ma date de naissance et celle de mon père, mais, pour différentes raisons, ce bébé devait venir plus tôt. Autant le dire tout de suite, Danielle n’a pas de formation médicale ou paramédicale, mais elle avait tenu à être très bien informée sur le déroulement et tous les aspects de sa grossesse et de sa maternité. Elle avait lu tout ce qu’on pouvait trouver sur le sujet.


Danielle n’est pas une force de la nature, elle mesure un mètre soixante, et quand nous avons commencé à nous regarder différemment elle craignait que je la trouve trop mince et me disait : « je suis une fausse maigre, regarde mon épaule ». Nous faisions de la danse folklorique, du chant choral et surtout du théâtre avec des exercices de décontraction-concentration-respiration, proches du Yoga, dont elle m’a affirmé qu’ils l’avaient beaucoup aidée.

Les premiers mois ça se voyait à peine, elle était enceinte et début Juin elle jouait encore la jeune première dans le Dépit Amoureux. Mais en Juillet et Août elle s’était arrondie rapidement. Elle à travaillé jusqu’au bout, fraîche, rose, épanouie, heureuse et, dans les dernières semaines, son problème le plus grave a été de ne plus pouvoir conduire la 2CV, la position du volant étant incompatible avec son état.

Finalement nous sommes arrivés à Mainville et, de chez sa maman, Danielle a appelé la clinique, puis, comme on lui a demandé de le faire, une ambulance. Quand les ambulanciers se sont présentés c’est elle qui les a reçus :
« - Bonjour Madame, c’est bien ici la dame qui doit accoucher ?
- Oui, c’est moi. Entrez s’il vous plaît. Excusez-moi, je vous demande un instant, je vais avoir une série de contractions et je dois m’allonger ».
Calme, tranquille, sereine, et comme ils prenaient des précautions qu’elle jugeait excessives :
« S'il vous plait n'exagérons rien, je peux aller jusqu’à la voiture moi-même et m’asseoir à l’arrière toute seule, je ne suis pas malade ! ».
Les ambulanciers semblaient un peu décontenancés, mais avant que la soirée et la nuit soient finies ils ne devaient pas être les seuls.

Nous étions en 1969, la révolution culturelle de l’année précédente n’était pas encore assimilée et beaucoup de choses, dans les esprits comme dans les faits ressemblaient plus aux années 50 qu’à l’époque actuelle. La clinique, maternité occasionnelle, de l’avenue du général Michel Bizot, dans le douzième arrondissement de Paris, n’était pas équipée comme les services spécialisés des hôpitaux actuels. Le Dimanche il n’y avait pas de médecin sur place, la maîtresse des lieux et des œuvres était une sage-femme, très expérimentée. Elle ressemblait tout à fait aux infirmières militaires que nous avions pu voir dans les reportages sur la chute de Dien Bien Phu, et la fin de la guerre d’Indochine, genre adjudant-chef !

Elle s’est très bien occupé de Danielle, l’a examinée avec soin. Par contre j’ai tout de suite senti qu’elle manquait totalement d’enthousiasme quand je lui ai demandé d’assister à l’accouchement. C’était encore très rare, et ça ne faisait pas l’unanimité ; les jeunes médecins étaient plutôt pour. Elle n’a donc pas dit non, mais qu’on avait encore le temps et que rien ne se passerait cette nuit de toute façon, et que je devais revenir le lendemain matin, mais pas avant sept heures.

Danielle n’était pas d’accord : « Elle te raconte des histoires, j’en suis à moins de six minutes, il ne reste que deux à trois heures ».

Je suis donc retourné chez nous, nous habitions à deux pas, rue Fabre d’Eglantine, au sixième sous les toits. J’ai avalé un petit quelque chose, rapidement, et j’ai préparé la petite valise prévue, selon la liste écrite à l’avance. Je suis revenu à la maternité peu avant minuit.
« - Très bien, tu arrives au bon moment, on va bientôt m’emmener en salle de travail, tu vois j’avais raison ».

« - Ah ! Vous êtes là ! Alors je vous préviens tout de suite, que tout soit bien clair, je suis la pour m’occuper de Madame, pas de vous, si vous tomber dans les pommes je ne lèverais pas le petit doigt…
- Bon puisque vous insistez, rendez-vous utile, mettez-vous là sur le coté, prenez le masque et donnez de l’oxygène à votre femme quand elle vous le demandera ».

Elle a aussi parlé de pièce de 1 franc ou de 5 francs, de petite paume, de grande paume, avant ou après je ne sais plus l’ordre exact. Elle me communiquait le sentiment d’être en train de violer un Tabou très ancien et d’assister à des choses dont les hommes n’ont pas eu le droit d'être témoins de toute éternité.

L’accouchement proprement dit a duré vingt minutes, montre en main, respiration haletante, poussez, poussez, poussez, période de calme, on recommence…et Danielle exemplaire :
« - Chéri, donne-moi un peu d’oxygène » où encore « - Dites Madame, vous voyez bien que quand je pousse j’ai tendance à me crisper les cuisses, il faut me le dire ça, n’est ce pas, sinon les cours d’accouchement sans douleur ne servent à rien. Bon ça vient, on y va »…

Et puis le dragon s’est attendri, et m’a même souri : « Vite, vite, venez voir on voit les cheveux. Allons-y, c’est maintenant, faut pas traîner ». Je ne sais pas décrire, mais je n’oublierais jamais, ce geste de sage-femme, si particulier : une main dans un angle inhabituel sous la nuque du bébé, les doigts écartés, et l’extraction énergique de ce petit lapin écorché qui devient un enfant dès qu’il commence à crier.

Avec l'habitude et la maîtrise tout va très vite : les pinces sur le cordon, le petit bracelet au poignet portant l’inscription François-Régis Pastol, le cordon coupé, le bébé montré a sa maman, « c’est bien un garçon, je l’emporte un instant, à tout de suite ». Il y a encore eu l’expulsion du placenta, mais c’est curieux, les rapports avaient changé, la sage-femme avait presque l’air de s’excuser de montrer ça à un homme, un peu de nettoyage et les linges emportés au dehors de la pièce.

Trop émus pour beaucoup parler nous nous tenions la main, et Danielle reprenait son souffle.

« - …ça va ?
- …vouuui…
- as-tu eu mal ?
- …nooon… mais… je me sens épuisée… j’ai l’impression d’avoir fait les jeux olympiques… ».

Quand la sage-femme est revenue quelques minutes plus tard lui déposer son bébé dans les bras, elle avait déjà récupéré et s’était assise sur la couchette, appuyée sur deux oreillers. Elle a ri et pleuré trop heureuse et trop bouleversée, pensant à son propre papa qui nous avait quittés trois semaines auparavant. Elle m’a serré la main très fort, à me faire mal, mais nous n’en n’avons pas parlé.

« - C’est un beau garçon : 51 centimètres, cinq livres et demi seulement, mais très vif et c’est fou ce qu’il a comme cheveux…
- Allez, je vous le reprends, je l’emmène à la nurserie, vous aller remonter dans votre chambre et je vous l’apporterai tout à l’heure pour commencer à essayer de le nourrir ».

Dès qu’elle a eu tourné les talons, ni une, ni deux, Danielle s’est redressée, a pivoté et s’est levée. Nous étions à la porte de l’ascenseur quand la sage-femme est revenue.
« - Mais qu’est-ce-que vous faîtes ? Mais ça ne vas pas, attendez, j’appelle un aide-soignant avec une civière !
- Ah bon ! Vous êtes sûre ? Comme vous voulez ».

Sur les livres a été noté : Naissance, 29 septembre 1969, 1 heure 15, un garçon, François-Régis Pastol. Mais Danielle pense que c’est l’heure ou le registre a été rempli et qu’en réalité il n’était que 0 heure 15. Je pencherais plutôt pour 0 heure 30.

Je suis retourné chercher une eau de Cologne que j’avais oubliée pendant que Danielle se reposait un peu. Quand je suis revenu, vingt minutes plus tard, elle était debout au chevet d’une jeune parturiente qui venait d’arriver et hurlait comme un cochon qu’on égorge. Elle ne savait rien, semblait terrorisée, et personne ne l’accompagnait.

« Calmez-vous ! A quoi ça ressemble de se mettre dans un état pareil. Vous n’avez pas fait les cours d’accouchement sans douleur ? ...
Franchement ça n'est pas si terrible, je viens d’accoucher il y a à peine une demi-heure.
- C’est vrai ?
- Evidemment ! ».
Quand la sage-femme est arrivée elle lui donnait un cours accéléré, lui apprenait la respiration haletante, lui expliquait quand et comment il faut pousser, sans se crisper, lui tenait la main et la rassurait.

Finalement Danielle a eu droit à un compliment bourru et attendri, d’autant plus précieux qu’il venait de quelqu’un qui semblait en être avare :
« Si elles étaient toutes comme vous, je ne servirais à rien ! ».

Bon Anniversaire François-Régis.

Donc la suite est ci-dessous : 01.10.1969 L'embuscade.

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28 octobre 2006

01 Octore 1969 : L'Embuscade.

Ce Post est la suite du précédent : 29.09.69 , même si ce n'est pas apparent sur le blog.


L'Embuscade.

A l’époque de la naissance de François-Régis j’étais militaire, au CIT 156, Centre d’Instruction du Train, à Fontainebleau. Aux jeunes recrues nous apprenions pour l’essentiel à conduire des camions et des jeeps, à défiler au pas cadencé et à tirer au fusil. Un peu de sport, des rudiments de combat à pied, venaient compléter l’instruction militaire que nous dispensions à de jeunes appelés du contingent renouvelés tous les deux mois.

Le Train des équipages, créé par Napoléon, n’est pas une arme très guerrière mais par contre très technique. Ses missions essentielles s’articulent autour du transport de ravitaillement et de la circulation routière militaire.

Dans les guerres coloniales les convois de camions sont très exposés, donc nous enseignions, autant que faire se peut, la conduite à tenir face aux actions de guérilla.
Mais ça ne m’a servi à rien : l’embuscade avait été vraiment bien préparée et quand je suis tombé dedans la surprise a été totale.

Tous les soirs, la journée de travail finie, je me changeais rapidement, je sautais dans la deux chevaux et je fonçais lentement vers la clinique-maternité rendre visite à Danielle. J’arrivais peu avant la fin des visites et je repartais toujours le dernier. C’est d’ailleurs ça qui m’a rendu vulnérable.

Le Mercredi soir, j’ai quitté la chambre de Danielle vers vingt heures quarante sept, j’ai parcouru le couloir, franchi la porte battante qui mène aux ascenseurs et au bureau du personnel soignant. C’est là qu’elles m’attendaient. J’ai encore fait deux pas sur ma lancée et la chef du commando m’a bloqué le passage, les deux autres se sont disposées de façon à m'interdire les voies de retraite et d'accès aux autres issues : toute fuite impossible, imparable.

{{ Il s’est jugé perdu puisqu’il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris…}}

Et ça a été le mitraillage en règle, à bout portant :
« - D’abowd l’heuwe de la fin des visites, elle est lawgement dépassée. Et puis suwtout vous devez êtwe un joli monsieur, vous venez tous les jouws et chaque fois que vous repawtez votwe femme elle pleuwe. C’est une honte, nous ne voulons pas savoiw ce que vous faites, mais si c’est pouw la faiwe pleuwer il vaut mieux ne plus veniw, une si gentille petite dame avec un si joli bébé ! ».

Elles n’avaient pas entièrement tort. Ces visites se déroulaient toujours un peu sur le même modèle : comment allait la jeune maman, admiration du bébé et de ses progrès quotidiens, nouvelles des différents visiteurs passés dans la journée, et puis, baby-blues aidant venait le moment, heureux au début, puis triste à la fin, où Danielle pensait et disait : « - C’est vraiment dommage que Papa soit parti brutalement, lui qui se réjouissait tellement d’être grand-père. Il l’attendait avec une si grande impatience l'enfant de sa Titi… ».

Et le temps passant, même en évitant de regarder l’heure, c’était le moment de partir. Elle se retenait le plus possible, mais pleurait quand même, en me disant des yeux ça va, tu peux y aller. Son papa chéri était décédé trois semaines plus tôt. J’ai expliqué ça aux trois "guerilleras". Elles ont été aussi confuses qu’elles avaient été déterminées, ne sachant comment faire amende honorable et ne tarissant pas d’excuses.

Après cet évènement j’ai pu rester tous les soirs jusqu'à vingt et une heure et elles ont toutes été aux petits soins pour Danielle… et François-Régis.

Encore Bon Anniversaire FR.

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21 octobre 2006

Le Beaujolais Nouveau de Klaus.

Cliquez sur le titre ci-dessus. Vous accéderez à un site où l'on vous propose même une épreuve de course à pied !


Klaus et le Beaujolais Nouveau.

Ça fera bientôt trente ans, Klaus nous avait été envoyé par la maison mère, de Düsseldorf pour approfondir sa connaissance de la langue française. Il venait effectuer ce qui était à l’époque le stage de six mois classique : cours à l’Alliance Française le matin et pratique au bureau l’après-midi. Il n’avait pas encore vingt cinq ans, grand, très mince presque maigre, genre adolescent poussé trop vite qui ne sait pas quoi faire de ses bras, des cheveux blonds roux, légèrement frisés, incoiffables, et une petite moustache pour essayer de se vieillir un peu. Et surtout, l’esprit ouvert, curieux de nouveautés et francophile, ce qui n’était pas toujours le cas de nos stagiaires allemands à leur arrivée à Paris, même si ça l’était souvent après six mois de stage.

En l’aidant à faire ses exercices j’ai révisé des règles de la grammaire française. C’est surprenant, mais on peut avoir besoin de réfléchir quelques instants quand on vous demande à brûle pourpoint : « François, dans cet exercice je dois mettre les phrases à la forme passive au passé, qu’est-ce qu’il faut faire exactement ? ». Au fait, jamais un stagiaire ou un collègue germanophone n’a réussi à dire Jean-François.

Au bout de quinze jours de stage il y avait aussi et toujours la leçon ou l’on parlait de l’humour français et des jeux de mots. « François aujourd’hui nous avons appris une blague typiquement française peux-tu m’expliquer je n’ai pas compris ? ». Il y avait deux ou trois histoires drôles dans cette leçon du cours de perfectionnement de l’alliance française.

Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager la joie immense que nous avions de les redécouvrir régulièrement tous les six mois : « Hier j’ai rendu visite à la colonie allemande – Ah bon ! Où ça ? – Les trois premiers rangs du Casino de Paris ! ». La vrai grande satisfaction intellectuelle (sic), survenait au moment de tenter d’expliquer ce qu’il pouvait bien y avoir de comique dans cette histoire, surtout quand, bon élève et très consciencieux, votre interlocuteur notait la solution dans son cahier en demandant « et ça, ça vous fait rire ? ».

La seule qui était encore trouvée un peu amusante après décodage entrait dans la catégorie des histoires légères, et donc typiquement parisiennes. Là encore je ne saurais vous laisser sur le grill, je suis sûr que vous attendez pratiquement une révélation, alors allons-y, puisque je ne m’adresse qu’a des personnes majeures âgées de plus de dix-huit ans (si ça n’est pas le cas ne lisez pas la suite et quittez immédiatement ce blog). Les précautions légales étant prises voici le texte intégral, version non expurgée : « François aujourd’hui nous avons appris une blague légère typiquement parisienne. Peux-tu m’expliquer, je n’ai pas compris ? – Oui vas-y – Alors voilà : Les petites filles aiment bien les chocolats, mais les grandes filles préfèrent les chocs au lit ». Ach ! Pariss !

Les bureaux étaient rue Tronchet, entre les grands magasins du Printemps et l’église de la Madeleine, deux lieu de culte très différents l’un de l’autre. Je lui avais trouvé un petit appartement meublé proche du métro Europe, rue de Moscou, et le soir il allait parfois boire une bière dans un bistrot à côté de la station Rome. Un vendredi soir peu après la mi Novembre il y a commandé sa bière comme d’habitude, mais son voisin de comptoir de droite s’est interposé.

« Ah non mon cher ! Aujourd’hui bière interdite ! Gégé sert à Monsieur un Beaujolais Nouveau, c’est pour moi ! ». Bien entendu Klaus a pris ça très sérieusement, au premier degré, et il a été très déconcerté.

Un jour ou la bière est interdite on ne lui en avait pas parlé à l’Alliance Française, ce qui était vraiment déroutant parce que la bière pour un allemand n’est pas un sujet mineur mais un thème culturel fondamental. Frappé par sa perplexité et soucieux de ne pas laisser un étranger dans la détresse son voisin de gauche a abondé : « Vous n’avez pas l’air de savoir qu’en France il ya deux fêtes nationales le 14 Juillet et le Beaujolais Nouveau ? – Mais non pas du tout ! – Je vais vous expliquer. Tiens Gégé remet-nous ça, c’est pour moi ».

Et ses deux voisins lui on tout expliqué : le Beaujolais, Le Beaujolais Village et le Beaujolais Nouveau sans oublier la nécessité du respect des traditions populaires et culturelles nationales, sujet auquel Klaus a toujours été particulièrement sensible.

Le cours particulier s’est prolongé jusqu’à la fermeture de l’établissement peu après vingt heures trente. Sur la suggestion de Gégé ils sont partis tous les quatre vers un petit bouchon genre Lyonnais qui organisait un mâchon pour fêter ce grand jour, et dont le Beaujolais Nouveau, élaboré par un ami du patron, juste à côté de Beaujeu, était une vraie merveille, à connaître absolument.

Klaus s’est bien rappelé leur départ, mais de ce qui s’est passé après il a tout oublié, où presque. Ensuite, la seule chose dont il se souvient avec certitude c’est de s'être réveillé le lendemain, chez lui, dans son lit, en pyjama vers quatre heures de l’après-midi.

Des siècles de recommandations aux voyageurs germaniques se rendant vers les pays latins laissent des traces profondes, capables de résurgence même dans les moments difficiles quand on n’a ni les idées claires ni le pied marin, mais une chambre qui possède une légère tendance à l’instabilité. Il s’est donc précipité inquiet sur ses vêtements bien pliés sur une chaise et a fouillé dans toutes ses poches de veste et de pantalon.

Il m’a raconté toute l’histoire le Lundi après-midi, très excité. « François je pense qu’après le bouchon Lyonnais nos sommes allés dans plusieurs autres endroits, mais où ? Je ne sais vraiment pas, peut-être dans un restaurant où il y avait des escargots, mais en réalité je ne me souviens pas. Et quand je me suis réveillé j’ai tout de suite cherché mon argent, mes eurochèques, mes papiers : tout était là, il ne manquait rien, pas un centime. Et ce matin quand je suis allé prendre mon expresso tout le monde m’a dit : Bonjour Klaus, ou Salut Klaus, même des gens que je n’avais jamais vus, et ils me donnaient une tape dans le dos ! ».

Cher Klaus, devenu un excellent ami ! L’année suivante il nous a invités à son mariage avec Suzy, chez eux à Neuss (NRW). J’avais apporté dans le coffre de ma voiture un peu trop de Champagne. Les postes de douane existaient encore. Le douanier belge m’a demandé si j’avais quelque chose à déclarer, je lui ai tout dit. Il m’a expliqué que si on faisait les formalités officielles de transit d’alcool ça serait long et compliqué alors que je pouvais passer comme ça mais à condition de promettre de faire le nécessaire à la frontière allemande. J'ai promis... et je l'ai fait. Le douanier allemand était bien embêté, « vous avez droit à trois bouteilles et vous vous en avez vingt quatre ! ... Mais si c’est pour un mariage… Bon, vous avez l’invitation ? ». Je l’avais, avec le plan d’accès. Il m’a laissé passer, comme-ça en ajoutant « fêtez bien ».

De l’Europe parfois je doute. Il faudrait peut-être seulement un peu plus de Beaujolais Nouveau, même si ce n’est pas mon vin préféré, et de Champagne, que j'aime beaucoup, mais surtout de braves gens, ce qui fait un peu nouille et vieillot comme expression, ou d’hommes, et de femmes, de bonne volonté, ce qui fait carrément grandiloquent. En ce qui me concerne je continuerai à voter Oui en tout cas, et je préfère fêter le Beaujolais Nouveau que la fin de la grande boucherie de la première guerre mondiale, même si je respecte profondément le souvenir de ceux qui en ont été les victimes, survivants ou non.

J’avais écrit ce post le 12 novembre 2005, entre les célébrations de la fête de l’armistice et la mise en perce des fûts de Beaujolais nouveau. J’ai bien aimé raconter cette petite histoire authentique et franco-allemande à cette date là. Les deux évènements étaient beaucoup plus fêtés lorsque Klaus fut notre hôte. Si j’y arrive je retranscrirais les commentaires reçus initialement.

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05 septembre 2006

La Braderie de Lille. (clic ici).


La braderie de Lille dans le métro parisien.

C’était dans le métro parisien. Elles sont montées à République. Le wagon était pratiquement vide, je ne sais plus pourquoi. Peut-être s’agissait-il d’un de ces jours où parce qu’on commence juste un peu plus tard tout est différent, déroutant, presque étrange.

J’étais assis, immergé dans ma lecture, elles sont restées debout, juste derrière moi, plongées dans leur conversation, deux filles jeunes, vingt, vingt trois ans, un duo classique : l’une, prolixe, plutôt jolie, grande et mince, des mèches décolorées relevées en chignon haut, et l’autre la bonne copine, petite brune, très boulotte, un peu terne, mais tellement gentille et sachant si bien écouter. Au début elles parlaient à voix basse : comme j’étais silencieux et immobile, petit à petit, elles m’ont oublié.


« …Alors le soir David* m’emmène au Pacha. Bon le Pacha tu sais comment c’est, ah ben non, c'est vrai, toi tu ne sais pas, enfin c’est toujours plein et on y rencontre tout le monde. Donc David fait le tour, dit bonjour, et puis on danse, mais il faisait une drôle de tête, et à un moment il me dit : "écoute ça ne va pas, je ne me sens pas bien, je rentre. Toi tu n’as qu’a rester, j’ai vu avec Simon* il te ramènera".

Oh ! La, la ! Simon ! Oh ! La, la ! ...Simon ! ... Je crois que tout le monde le sait que pour moi Simon c'est... Enfin bref, il vient vers moi et il m'invite. Et il me dit des trucs dans le genre : c’est bizarre c’est la première fois qu’on danse ensemble, tu sais ça fait longtemps que je t’avais remarquée, mais tu étais toujours accompagnée… Moi je savais plus ou j’étais. Après… après… bon enfin, après il m’a raccompagnée, mais chez lui.

Le lendemain il avait beaucoup de boulot, il fallait qu’il prépare tout, les jeans, les portants, les parapluies, la voiture, pour la braderie. Je suis restée avec lui, je l’ai aidé et finalement on est parti pour Lille tous les deux. C’était comme dans un rêve… ».

Strasbourg Saint-Denis ou Bonne Nouvelle, un couple monte, tournicote et finalement va s’asseoir à l’autre bout du wagon. Elles chuchotent un temps, mais pas longtemps.

« … Il m’a dit qu’avec Rachel* il n’avait pas pu. Elle voulait, il a essayé, mais pas moyen. Pourquoi ? Parce que Rachel elle est grosse, encore plus grosse que toi, elle est vraiment très grosse, alors il n’a pas pu.»

Rires, chuchotements et gloussements, commentaires incompréhensibles.

« Et maintenant ça fait quatre jours qu’on est rentrés à Paris, je n’arrête pas de l’appeler, pas de réponse, et lui il ne téléphone pas, aucune nouvelle, même pas un mot dans ma boîte à lettres, rien. Et ce matin ça sonne, je décroche, c’est David qui me dit : tu sais je ne t’en veux pas, ça n’est pas de ta faute, tu peux revenir quand tu veux, et qu’il m’a pas remplacée, et qu’il m’a gardé ma place au magasin…

Je suis très très embêtée, je ne sais vraiment pas quoi faire. Qu’est-ce que tu en penses ?
- Je ne sais pas trop… David il te payait quand tu travaillais avec lui au magasin ?
- Ben non, puisqu’on était ensemble. Mais quand j’avais besoin d’argent il m’en donnait.
- Et Simon, il t’a payée pour la braderie ?
- Eh bien…
- Eh bien ?
- Eh bien… il n'en a pas parlé, non.
- Non ?
- Non… Non... Je commence à penser que je me suis faite avoir… »

Je ne me souviens pas de l’année exacte, peut-être alliez-vous naître Imogène, à moins que, comme dit Danielle, vous n’ayez même pas déjà été une petite lueur dans le regard de votre père. Mais la ligne A du RER était, pour quelques mois encore, en instance de prolongation à travers Paris, et pour rejoindre la station Havre-Caumartin je devais changer à Nation et prendre le métro.

*C’est une petite histoire vécue, qui parle de naïveté et finalement d’innocence. Si j’avais tout inventé j’aurais peut-être choisi Maurice, Lucien et Ginette ou Michel, Gérard et Nicole. Mais les prénoms sont ceux qui ont été utilisés. Ils ne font référence à aucune personne que je connaisse et je ne pense pas que quelqu’un puisse s’y reconnaître. Je n’attache à l’utilisation de ces prénoms aucune signification particulière, s’il vous plaît faites comme moi. C’est arrivé comme ça, c’est tout. Et en plus personne ne lit jamais ce blog.

En réalité j'avais reçu un commentaire qui m'avait fait craindre d'avoir commis une maladresse lors de la première publication en Septembre 2005.

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23 décembre 2005

Emmanuel.

Les belles photos sont de Georges Félix Cohen, clic sur le lien ci-dessus.
J'espère que j'ai le droit , sinon dites-le moi et je les remplace.




Emmanuel : deux ans déjà.


Le 24 décembre 2003, Emmanuel avait vingt neuf ans et deux mois. Il était arrivé du Portugal la veille. Jeune homme très sportif, un athlète, pratiquant la voile, le surf, l’escalade, l’alpinisme et la plongée sous-marine, sans oublier des disciplines foncières, course à pied, cyclisme et natation. Traducteur interprète en français, portugais, portugais brésilien et espagnol, il parle aussi très bien l’anglais. Il rêve de pratiquer la traduction simultanée dans les grandes conférences internationales et travaille beaucoup pour parfaire ses connaissances des vocabulaires scientifique et juridique.

Il est du matin, et ce jour là il s’était levé à six heures. Il avait pris sa douche, et commençait à s’habiller. A six heures et quart, à peu près, ses jambes ont cessé de le porter et il s’est effondré, d’un coup, sans connaissance. Son père l’a trouvé vers six heures trente, il a appelé le SAMU qui est intervenu très rapidement. Le médecin urgentiste à commencé les soins dans l’ambulance médicalisée. Il est arrivé aux environs de sept heures et quart au service de réanimation des urgences de l’hôpital Henri Mondor. Diagnostic : AVC, accident vasculaire cérébral, coma, pronostic vital réservé.

Le soir il allait mieux, recevait la visite de sa famille, pouvait s’asseoir dans son lit, rire et plaisanter avec ses parents pour qui la joie et l’espoir succédaient à l’angoisse. Mais ça n’a pas duré. La rechute a été violente : tétraplégie, coma profond, paralysie des muscles respiratoires… Il a été transporté dans un service spécialisé à l’hôpital de La Pitié – Salpêtrière.

Emmanuel est le fils de Rosy, une amie portugaise de Danielle. Elle vit depuis de nombreuses années à Saint-Maur et parle français comme vous et moi, en temps normal. Mais là elle était tellement bouleversée qu’elle ne comprenait plus rien, ni la situation déjà, ni les explications et le jargon des médecins. « Explique-moi Danielle, ce qu’il a dit, c’est bon ou c’est pas bon ? Il va mourir ou non ? » Alors, tout naturellement, Danielle l’a accompagnée lors des visites à l’hôpital, tous les jours au début, sauf les Samedis et les Dimanches quand il y avait déjà toute la famille. Et moi, bien sûr, de temps en temps, j’ai accompagné Danielle. Nous tentions de voir un médecin ou un cadre hospitalier pour avoir les dernières informations, savoir comment s’était passé la nuit... Nous tenions compagnie à Rosy un moment, puis nous repartions. Elle restait toute la journée, assise ou debout, à côté du lit de son fils, essayant de guetter l’indice d’un mouvement, et son mari passait la rechercher un peu avant l’heure de la fin des visites.

A La Pitié – Salpêtrière le service des Urgences Vasculaires Cérébrales est situé dans un bâtiment du quartier Charcot, vers l’entrée rue Bruant, sur l’arrière, à l’opposé du boulevard de l’Hôpital. Ce que nous en avons vu occupe un niveau en demi-sous-sol, peu éclairé, très silencieux, avec une ambiance de crypte, ou d’église tard le soir. On n’ose pas parler, à peine chuchoter. Il y a, si je me souviens bien, quatre salles disposées toutes de la même façon, assez classique des services de réanimation, cinq ou six lits pas plus, dans la pénombre, séparés par des cloisons légères, disposés en rayons autours d’un bureau d’infirmière un peu plus éclairé. Deux de ces salles sont occupées et, presque, surchargées de matériel de toute sorte, dans chaque lit, j’ai appris par la suite qu’il s’agissait de « dix lits hautement spécialisés », il y a une personne dans le coma, avec ses tubes et appareils divers, allongée, immobile, et pas forcément très âgée, certaines même jeunes ou très jeunes. Je ne sais plus exactement, techniquement, comment c’était, je décris les images qui me reviennent, sans doute altérées par les émotions et l’oubli, déjà.

Emmanuel est là, juste vêtu d’un drap qui ne recouvre pas son torse musclé et bronzé, partiellement rasé pour permettre la mise en place des disques adhésifs qui maintiennent les capteurs et les fils qui le relient au moniteur de l’électrocardiogramme en continu. Il ne bouge pas du tout, couché sur le dos, la tête à peine basculée vers l’arrière, les bras le long du corps. Seule sa poitrine monte et descend régulièrement : il est relié à un respirateur, par un tuyau et un embout qui lui maintient la bouche ouverte. L’air est envoyé directement dans la trachée-artère. Il est alimenté par un goutte-à-goutte au moyen d’un cathéter, important et compliqué, fixé dans une veine d’un bras, qui permet aussi d’injecter les médicaments. Il fait chaud, des points verts tracent des courbes sur des écrans et, dans le silence ambiant, les quelques bruits mécaniques prennent une importance inhabituelle : des Pfffffffuuuuuiiii assez espacés, pas très forts, réguliers et très lents et soudain des glouglous, bruits de grosses bulles, inattendus, parfois un bip.

Le 25 décembre, non en fait je pense que c’était le 26, nous avons pu voir le médecin de garde. Un grand jeune type un peu vouté, l’air triste et fatigué même un peu absent.
« - Bonjour Madame, vous êtes la Maman d’Emmanuel ? Oui, venez. Vous êtes ensemble ? Entrez, asseyez-vous. J’assume en ce moment la responsabilité du service. Alors voilà, actuellement nous ne pouvons rien tenter pour sortir Emmanuel du coma, au contraire nous allons vraisemblablement le maintenir quelques jours en coma artificiel. Nous avons fait tout ce qui peut et doit l’être, et maintenant il faut seulement attendre, chaque jour passé est un jour de gagné. Je ne peux rien vous dire de plus pour l’instant, dans ces cas là on ne peut pas faire de pronostic, de toute façon pas pendant les dix premiers jours. S’il passe ce cap à ce moment là on verra. Si ça peut vous aider vous pouvez vous dire qu’il est au meilleur endroit possible pour lui, il ne peut pas être mieux soigné qu’ici, aussi bien c’est possible, mais mieux non. »

Il a dit tout ça très calmement, d’un ton mesuré, en faisant l’effort de ne pas succomber à la routine d’un discours su par cœur et trop souvent répété, en espaçant les phrases pour laisser aux mots le temps d’arriver, en regardant bien si Rosy comprenait et comment elle réagissait, en s’efforçant de ne pas la désespérer mais sans lui donner d’illusions. Une infirmière est apparue dans l’encadrement de la porte du petit bureau, silencieuse mais pressante. Il a hoché la tête, s’est levé lentement, a fait deux trois pas et s’est retourné :
« - Vous êtes croyante ?
– Oui.
– Alors priez. »



Et c’est ce que nous avons tous fait : les parents, la famille, les amis, les copains, les croyants, les moins croyants, les hérétiques, les mécréants, les agnostiques, les athées, les libres-penseurs et les autres. Je crois bien que nous avons tous prié, d’une manière ou d’une autre : avec ferveur, avec conviction, avec après tout pourquoi pas, avec sait-on jamais, avec ça serait le moment ou jamais de se manifester… Rosy, elle, priait déjà, bien sûr. On ne peut pas savoir si, on peut seulement croire ou ne pas croire que, ça a servi ou non à quelque chose.

En tout cas Emmanuel a survécu, Emmanuel est survivant. Il voit, il entend, il goûte, il rit, il pleure, il respire et son cœur fonctionne. Mais sinon à peu près rien ne lui est acquis, et chaque fonction qui peut être rétablie doit être reconquise au prix d’un épuisant travail de rééducation : dix mois pour réapprendre à déglutir, pouvoir abandonner la sonde gastrique et envisager de recommencer à se nourrir d’aliments solides, moulinés au début, treize mois pour pouvoir à nouveau se tenir debout, presque deux ans pour marcher, un petit peu à la fois et sans fluidité, mais sans les cannes anglaises. Emmanuel continue à apprendre à écrire et à pianoter sur son clavier d’ordinateur de la main gauche, pour la droite et le bras droit il n’y a pas d’espoir. Il commence à former quelques sons, mais personne ne peut dire s’il pourra reparler un jour.

Le sport… L’interprétariat simultané… Tant d’autres choses aussi sur lesquelles il faut tirer un trait, définitif. C’est, vraiment, très dur. Mais Emmanuel lutte, comme un sportif entraîné sait le faire. Il est aidé par les kinés de la Pitié et de l’hôpital de Garches, bien loin de Saint-Maur, où il est resté plus d’un an en rééducation et ou il retourne encore de temps en temps pour de courts séjours, il est aidé aussi par deux psychologues. Il lutte contre le désespoir et l’envie d’en finir, de tout arrêter, de ne pas se réveiller, qui le submergent parfois. Rosy est toujours là, également dans ces moments là. Elle n’était pas très grande, maintenant elle semble toute petite, et si fragile. Elle lutte aussi, sans cesse, épuisée parfois mais toujours soutenue par son amour maternel.

Et moi… Il m’arrive tellement facilement d’être contrarié si je me casse un ongle ou si j’ai une fois de plus posé mes clés de voiture n’importe où. Mais parfois, quand je me baigne par exemple, j’observe mes mains à hauteur de mes yeux et je fais fonctionner les articulations dans tous les sens, puis je fais la même chose avec mes pieds : ça marche. Ça semble tellement naturel qu’on oublie d’y penser, mais si on s’y arrête un instant c’est étonnant et merveilleux.

Le toubib des UVC m’a dit qu’il recevait des gens de tous les âges, même des enfants, et qu’un accident vasculaire cérébral peut arriver n’importe quand, à n’importe qui. Bien entendu le risque augmente statistiquement avec l’âge. Alors j’ai tendance à penser que l’important c’est la vie ! Évidence que le quotidien nous fait parfois oublier.

C’est la vie qui compte : je suis vivant, plus tout neuf, mais entier, quel beau cadeau. Je l’ai reçu et j’ai contribué à l’offrir. Cette chaîne là ne doit pas être interrompue, que pourrait-il y avoir de plus important ? Il faudra bien aussi que je fasse quelques petites choses contre ceux qui la gaspillent la vie. Moi qui suis du genre qui doute plus qu’il ne croit, mais peut-être aussi qui croit plus qu’il ne s’en doute, je vais déjà continuer à apprendre à mon cher petit-fils le prix de la vie et le cinquième commandement, que des puissants de ce monde bafouent allègrement, et souvent au nom de la religion ou de la démocratie.

Quand j’ai des soucis, des contrariétés, des bobos à l’âme ou au corps je pense à Emmanuel et à l’âpreté de sa bataille de chaque instant, je lui envoie un petit message télépathique de soutien, et je me dis que mes problèmes ne sont pas si graves que ça.


Merci Emmanuel. Vive la vie. Joyeux Noël.



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27 septembre 2005

La Vie est Belle !


Elle est belle la vie !


Le 23 septembre, vers 19 heures, il ne faisait déjà plus tout à fait aussi clair qu’en été. L’avenue de la Tourelle quasiment déserte, avec ses grands arbres, commençait à s’assombrir.

Depuis la sortie du RER, elle marchait vite, plongée dans ses pensées. C’était une belle jeune femme, d’origine africaine ou antillaise, pressée de rentrer chez elle. Je revenais en voiture, elle circulait, un peu devant moi, sur le trottoir que je devais traverser au bateau d’entrée de ma résidence.

En accélérant j’aurais peut-être eu la possibilité de passer, mais comme elle semblait inattentive j’ai préféré lui laisser le temps. Elle a senti la présence de cette voiture qui ralentissait et qui, sur quelques mètres, roulait lentement juste derrière elle. Je l’ai nettement vue se crisper, presser le pas, et me jeter un regard dur et agressif à la dérobée.

J’ai compris ses craintes et sa méprise qui m’ont amusé. Ça m’a fait sourire, mais gentiment. L’instant d’après, percevant la lumière des feux clignotants et devinant la trajectoire de l’auto esquissant le virage, elle a compris ma manœuvre. Soulagée elle a eu un petit rire, et m’a jeté un coup d’œil rapide, le temps de faire deux pas. Sur le troisième, elle à virevolté, pas comme on marche mais comme on danse.

Ensuite, continuant à reculons sur quelques mètres, elle a fait un petit geste de l’index, un petit moulinet près de sa tempe, qui, d’après son attitude, signifiait clairement « excusez-moi d’avoir un instant craint et imaginé le pire, c’est parce que j’étais absorbée dans mes pensées » Elle a compris que j’avais compris, et que si je souriais je ne me moquais pas. J’ai peut-être eu un petit mouvement d’acquiescement, je ne suis pas sûr, tout s’est passé si vite.

Et alors elle m’a adressé un sourire : totalement miraculeux, un sourire rayonnant, lumineux et chaleureux de connivence et d’intelligence, qui m’est allé droit au cœur et qui y est encore. Ensuite, un petit au revoir de la main, auquel j’ai répondu, elle s’est retournée, gracieuse et légère, et elle est partie, souriante et joyeuse.

Elle est belle la vie. Deux personnes que tout sépare l’âge, le genre, l’origine, le moyen de déplacement peuvent se comprendre, et s'échanger un instant heureux sans prononcer une parole. Ça n’est rien et c’est tout. Les jeunes filles, les jeunes femmes et les enfants sauveront le monde.


P.S. : Ce n'est pas une fiction !

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15 septembre 2005

Monsieur Banh

Le sourire de Monsieur Banh

Préambule.

C’était un soir tard, vers 23 heures, fin Décembre 1990.
Pour rentrer chez moi, je traversais le bois de Vincennes en diagonale. Il pleuvait des cordes et les routes du bois étaient désertes. Après l’hippodrome, en arrivant au croisement avec l’avenue de Gravelle, Coloc, ou une intuition, m’a dit « attention ! » et, heureusement, j’ai ralenti, encore un peu plus, avant de m’engager sur le carrefour.

De la droite n’arrivait aucun véhicule, mais de la gauche, où une haute palissade cachait des travaux vers le stand de tir de la police et ôtait toute visibilité, une Golf GTi a surgi, à tombeau ouvert. J’ai vu le regard effaré du conducteur juste avant le choc.
Après il y a l'impression de flotter, de dériver, et des images, entre des moments flous, un chauffeur de radio-taxi son micro à la main, des voitures qui s’arrêtent, des gens qui se précipitent, une ambulance rouge, des pompiers, « monsieur, monsieur, répondez-moi, ne vous laissez pas aller.. », tout l’avant de la voiture arraché et le moteur à l’emplacement de l’aile droite, mais vertical, fumant et dégouttant, un car de police, la pluie, des lumières bleues.
lI y avait aussi une pensée absurde et lancinante « les clés du bureau, les clés du bureau… », mais pas un son, hormis les paroles du pompier aucun son.

Le premier sourire de Monsieur Banh.

Quand je me suis vraiment réveillé, j’ai vu Monsieur Banh qui me regardait, qui souriait et qui disait « Ça va bien ! Ça va bien ! », et je me suis rendormi.
Quand je me suis réveillé la deuxième fois, j’ai vu Monsieur Banh, dans le lit voisin, qui me regardait avec bienveillance, qui souriait gentiment et qui disait « Ça va bien ! Ça va bien ! », Ça n’était pas une question mais j’ai dit « oui, merci ». Puis je lui ai demandé ou nous étions et il m’a répondu, à peu près, « Henli Mondol, lopital, tlès bon, tlès bon ! ».

Monsieur Banh était un petit homme fragile et doux, plus tout jeune, avec des yeux sombres et brillants et des cheveux très noirs, sauf quelques-uns, très peu. J’étais un peu gêné par son sourire, qui avait un quelque chose d’étrange.

Suitambule


Finalement j’allais bien : je n’étais resté inconscient que quelques heures et on ne m’avait pas trouvé de séquelle.
Le seul problème concernait mon pied droit : sept luxations, quatorze fractures, ou l'inverse : le circuit hydraulique de freinage avait retransmis l’énergie du choc par la pédale au pied posé dessus. Pour les chirurgiens ça me rendait intéressant, un cas classique mais qui ne se rencontre plus que rarement aujourd’hui : le coup du palonnier chez les pilotes d’autrefois, les mêmes symptômes et une opération pas très courante.
Ce qui fait que j’étais considéré avec plus de déférence que Monsieur Banh qui n’avait qu’une banale fracture du col du fémur. Jusqu’au jour ou ça a changé.

La douceur de Monsieur Banh.

Rapidement j’ai été libéré du goutte-à-goutte et j’ai pu me déplacer à cloche-pied et rendre de petits services à Monsieur Banh qui était immobilisé. Nous sommes, provisoirement, devenus frères, comme devraient l’être toujours les humains.

Et quand, par exemple, je lui avais changé son eau pour de l’eau fraîche il prenait ma main dans les siennes, une dessus une dessous, les doigts joints, avec une infinie douceur, me regardait droit dans les yeux, souriait avec un petit hochement de tête qui remplaçait les mots.

Noël était déjà passé, quelques guirlandes, une bûche, et une ambiance plus légère et même joyeuse malgré le manque de personnel. Et puis il y eu la visite du patron, costume sous la blouse et nœud papillon , accompagné d’un chirurgien, d’un interne et des infirmières, surveillante, titulaire et une très jeune fille, élève ou stagiaire ?

Le cas de Monsieur Banh.

Comme prévu ils se sont attardés sur mon cas, ont parlé boutique, «…on a réaligné avec trois broches, le protocole Bernager Vernagelski* …

- Voyez Untel ça pourrait l’intéresser pour sa thèse !
– Je l’ai mis au courant, il suit le cas avec moi .
– Bien ! Et le col du fémur ?
– Tout va bien, ça se passe à peu près normalement, on va toutefois le transférer en médecine car le sujet semble souffrir de carences alimentaires.
- Parfait ! ».
Comme ils se préparaient à prendre congé la petite jeune fille s’est jetée à l’eau, en rougissant de son audace :
« Monsieur Banh dit que le matelas lui fait mal.
– J’ai regardé hier, a répondu l’infirmière titulaire un peu vivement, il n’y avait pas d’escarre, j’ai passé une crème.
– Oui madame mais juste avant la visite il m’a dit que ça lui faisait mal dans le dos
– Puisqu’on est là on va regarder, à tranché le patron. Alors Monsieur Banh vous avez mal au dos ? ».
Monsieur Banh a acquiescé, toujours souriant, l’infirmière l’a fait pencher en avant et a remonté la chemise de nuit APHP. En y repensant, j’ai eu du mal à écrire la suite.

La petite à porté une main à sa bouche, « Mon Dieu ! », et tout s’est arrêté.
Deux internes ou externes, col de blouse relevé, stéthoscope en évidence, qui passaient dans le couloir en se racontant gaiement leurs réveillons passés ou à venir, se sont interrompus net en voyant notre groupe immobile et silencieux, figé.

Le dos de Monsieur Banh : c’était affreux, il était entièrement couvert de longues cicatrices brunes horizontales.Mais vraiment entièrement : du haut des épaules à la naissance des reins il n’y avait absolument pas un endroit de peau vierge.

L’horreur venait ensuite lorsque, remarquant le parfait alignement des marques, on comprenait le caractère méthodique, minutieux, appliqué, implacable, répété, systématique, impitoyable et dogmatique des flagellations…

C’est Monsieur Banh qui a relancé le mouvement. Il a effleuré du bout des doigts le bras de la jeune fille, « Ça va bien ! Ça va bien ! ». Il a tourné la tête vers moi et à eu deux petits gloussements espiègles, comme s’il venait de faire une bonne blague.
Ensuite il y a eu une certaine agitation, on a changé son matelas, pratiqué des soins, et Monsieur Banh est devenu un cas intéressant.

L’histoire de Monsieur Banh.

Le lendemain, pendant les visites, j’ai interrogé son fils.
Monsieur Banh avait fait partir toute sa famille juste avant l’arrivée des Khmers Rouges, mais il était resté à Phnom-Penh pour tenter de préserver les quelques bien familiaux.
L’histoire, déchirante, nous la connaissons de lectures, de films et de reportages, enfin je m’étais imaginé en savoir quelque chose. Ça n’est plus le cas.

Un cousin avait retrouvé Monsieur Banh depuis peu dans la campagne et sa femme et ses enfants l’avaient fait venir en France deux mois plus tôt, le temps d’obtenir les papiers et d'organiser le voyage. Depuis qu’il était là il ne mangeait que de la viande, il pouvait manger un rôti d’un kilo en un repas. Il s’en était rendu malade. C'est en tout cas ce que disait son fils qui pensait que c’est pour ça qu’il s’était cassé le col du fémur.


Et puis un jour on est venu le chercher, avec son lit. Le lendemain j’étais sortant, il m’a fallu dix mois pour remarcher pratiquement normalement. Je ne l’ai jamais revu.

Je n'ai jamais su son nom complet, mais j’ai compris que Monsieur Banh, dans son sourire, exultait d’être vivant et demandait pardon d’avoir survécu, lui, à l'horreur.
.

*fictif : j’ai oublié les vrais termes techniques de cette conversation entre grands experts, je ne peux que l’évoquer.

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09 juillet 2005

Bonjour univers des blogs !

Bonjour !

Nouveau venu dans l’univers des blogs, je pense qu’il n’est pas inutile de me présenter.
Il est toutefois bien difficile de discerner, a priori, les traits de caractère susceptibles d’intéresser d’éventuels bloggolecteurs.

J’ai bien peur qu’il n’y ait pas grand-chose à dire.
Je suis totalement, banalement, désespérément, étonnamment, normal !
Ce que d’ailleurs ne cesse de me reprocher l’espiègle extra-réel qui s’est installé une résidence secondaire dans un coin de mon esprit. {{Poil au nombril}}.


« Ah! Je pensais que tu ne revenais pas avant quelques jours. S’il te plaît, pas maintenant, j’essaie de rédiger un premier Post pour ce blog. »

Il se définit comme un Alien immatériel, ni aliénant, ni aliéné. {{Poil au néné}} .

« Je t’ai demandé d’arrêter, poliment, sinon tu sais ce que je vais faire ? Oui ? ...... ? Bon, alors on est d’accord tu arrêtes ? ..... ? Bien ! »

En fait, il est généralement très supportable une fois que l’on s’est habitué à sa présence fréquente, mais heureusement non permanente, et à son goût immodéré pour les jeux de mots à 0,00002 balle, débiles et non-censurés. Bon, dans certaines circonstances, cette impression d’avoir une webcam sur l’épaule est un peu dérangeante mais on s’y habitue très bien.

…Je l’ai mouché là ! Vous avez vu ? Il y a une chose qu’il ne supporte pas. J’ai eu du mal à la trouver, mais maintenant que je l'ai j'arrive a dominer la situaution. E.U.C... enfin presque.



Ça va d’ailleurs beaucoup mieux depuis que j’ai cessé de prévenir les personnes que je rencontre dès la première fois. En effet, curieusement, certaines font parfois un blocage, et même, après leur avoir expliqué que ces images sont totalement virtuelles et en aucun cas partagées, il m’est arrivé de discerner un léger embarras, comme une sorte de vague flottement, chez quelques interlocuteurs.

Coïncidence troublante, certaines relations qui s’avéraient prometteuses ont parfois échoué brusquement, juste après mon avertissement. Je n’ai pas suffisamment d’exemples pour une étude approfondie, mais j’avoue avoir été déconcerté.

…Ça marche ? N’est-ce pas ? Ça maaaarche !!! Le jeu du p’tit poil ce n’est, certes, pas bien méchant, cependant ça peut s’avérer quelquefois agaçant. Mais là je le tiens ! Ouuuais !!! …à un moment c’était infernal, ça n’arrêtait pas. En fait j’ai heureusement trouvé le moyen de maîtriser la situation. C’est assez simple en fait, et je suis tout à fait disposé à donner le truc. N’hésitez pas à vous en servir, c’est moi qui l’ai trouvé et je le mets à disposition totalement libre de droit. C’est normal, si, si ! !

Nous cédons assez facilement à la tentation de la recherche d’explications irrationnelles ou parapsychologiques, mais les prétendues démonstrations sont rarement convaincantes. Dans ce cas comme, dans presque tous les autres, vérifications faites, il y a, la plupart du temps, une explication simple et rationnelle : rendez-vous oublié, casserole sur le feu, bien qu’il soit étrange pour une touriste anglaise de quitter son hôtel sans avoir tout vérifié, enfant à récupérerà la sortie de l’école : « Ah ! Zut ! Je me suis trompée je croyais que c’était son père aujourd’hui », problème de stationnement : "Oh ! Quel dommage ! Ma voiture vient de me bipper son enlèvement est demandé", etc...

Excusez-moi, un instant. « Si, j’ai le droit. SSSSi, j’ai le droit ! Si môssieur, j’ai le droit ! C’est moi le créateur et le propriétaire de ce truc j’ai donc parfaitement le droit de le publier dans un blog ! …… ! Quoi Bill Gates ? Mais il s’en fiche Bill Gates ! Et puis de toute façon il ne le saura jamais Bill Gates ! ….. ! Mais tu ne vas pas bien du tout : Bill Gates sait tout ! Bill Gates voit tout ! Es-tu sûr de ne pas confondre avec quelqu’un d’autre ? Écoute, c’est simple, encore un mot et tu y as droit ! / Stop / Terminé / Fin de vacation » .

Ceci étant dit, force est de constater que l’on rencontre parfois des gens très distraits, ou qui n'ont pas le sens le plus élémentaire de leur responsabilité parentale.

Donc, voyez-vous rien de spécial.

Malheureusement, je suis obligé de m’interrompre provisoirement. La prochaine fois, si vous le souhaitez, je vous donnerai des explications sur le truc, un petit gratuiciel comme disent les québécois, en vous demandant simplement en retour de m’indiquer s’il a bien fonctionné dans votre cas. Sinon nous pourrons étudier ensemble les aménagements nécessaires, une Bloggo-Hot-line en quelque sorte.

Chaleureusement {{ Poil aux dents }} vôtre.

Là, Coloc tu y as droit, pas de pitié. {{ NNNooon, pas ça }}.

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